Carte blanche à Nolwenn Brod

Nolwenn Brod développe une photographie envisagée comme une affinité élective avec les personnes et les paysages qu’elle rencontrent. Son travail, documentaire et plastique, s’alimente de la relation de l’homme à ses propres formes : sa façon d’être, de penser, de se mouvoir, la manière dont ses affects se manifestent vers l’extérieur ; entre réalité et fiction, entre ce qui est prévu et inattendu.

Sa première série, Va t’en me perdre où tu voudras,  remarquée en 2012 au Festival Photaumnales de Beauvais, a déclenché une forte émotion et un intérêt soutenu de l’image par l’image qui  propose à ses lecteurs de découvrir un extrait de ce travail.

Nolwenn Brod a répondu aux questions de l’image par l’image 

Qu’est-ce qui vous anime?
Explorer la dimension de la rencontre, qu’elle soit humaine ou paysagère, où la principale source d’inspiration est celle de l’enthousiasme vécu comme un flux autorisant des associations entre horizon extérieur et intérieur.

Comment choisissez-vous vos thèmes photographiques?
Depuis la série Va t’en me perdre où tu voudras (2012) sur la disparition de mon père en Irlande, mes travaux apparaissent comme des variations de ce travail où l’homme, l’animal, le végétal dialoguent intimement. Je rends compte de l’ambivalence des sentiments, des choses élémentaires que nos vies ont en commun dans une recherche du micro-évènement, de la micro-sensation. Les relations inter-humaines, c’est-à-dire la manière dont les relations inter-personnelles façonnent les individus m’intéressent plus particulièrement aujourd’hui et notamment chez la jeunesse.

Pour la plupart de mes projets, j’ai été invitée  en résidence de création sur un territoire que je connaissais peu ou pas du tout. Avant de m’y rendre, je l’étudie en profondeur, me constitue une sorte de “méta-travail” puis j’en fais une lecture personnelle, suivant les rencontres fortuites qui me donnent des prolongements inattendus.

Pouvez-vous nous éclairer sur votre processus de création et leur réalisation ?
Au début d’un projet on se sent un peu comme sur une mer houleuse, on s’égare dans des directions imprévues, jusqu’à ce que l’idée advienne, où le détail (qu’elle que soit sa forme) qui retient notre intention devient un tout, ça devient pour ma part une obsession. Je m’adapte aux rythmes qui surgissent, aux situations instables suscitées au hasard par les personnes rencontrées : la création interhumaine inconnue et insaisissable détermine mes possibilités.   Mes photographies décrivent en quelque sorte l’ambivalence du rapport de l’homme à ses propres formes : sa façon d’être, de sentir, de penser, de parler, d’agir, avec sa culture, ses idées, ses convictions. J’accumule une constellation d’images qui sera éditée, agencée et je détermine le support, le format.

Vous effectuez aussi des commandes, quelle est votre relation avec cette pratique ?
Je me sens plutôt à l’aise avec la commande photographique tant dans le portrait de presse, le reportage que le corporate.
Le challenge de la commande bouscule le rythme de ma pratique personnelle, le temps de réalisation est souvent très court;  je travaille parfois en équipe : mêler d’autres sensibilités au réel et formes d’expression est très stimulant. Il faut réussir à satisfaire la demande du client tout en préservant son écriture. J’aimerais réaliser à l’avenir des commandes au long cours sur le territoire, travailler avec des sociologues ou des écrivains

Quel est votre enjeu en tant que photographe quand vous faites un travail de commande pour une marque ?
L’enjeu est de pouvoir adapter son écriture à la demande du commanditaire. Cela permet de sortir de sa zone de confort, et ces collaborations peuvent changer notre rapport à la marque. 

Quelle relation voyez -vous entre les marques et la photographie?
Les marques ont indéniablement besoin de la photographie, l’image de la marque passe par l’image photographique, chaque support a son public, et aujourd’hui les influenceurs sont de véritables prescripteurs des marques.

Des expositions? Sur quoi travaillez -vous en ce moment ?
Je prépare l’exposition de mon travail de résidence d’un mois à Lodz en Pologne réalisée en novembre 2018. Je montre également une sélection du Temps de l’Immaturité à Arles avec d’autres photographes de l’Agence Vu. Ce travail sur la Jeunesse européenne est toujours en cours et j’envisage de le développer sur plusieurs années.

Photographe française née en 1985, Nolwenn Brod est diplômée de Gobelins, l’école de l’image. Membre de l’Agence VU et représentée par la Galerie VU’, elle vit et travaille principalement à Paris.
Elle développe ses projets personnels au cours de résidences de création, tout en répondant à des cartes blanches pour les institutions ou des commandes pour la presse. Ses oeuvres sont exposées en France et en Europe, et figurent dans les collections du Musée Nicéphore Niépce, de la Villa Noailles, de la Bibliothèque nationale de France, du CNAP, et d’artothèques.

Les images montrées ici sont extraites de différentes séries :

Le Palais de Justice de Paris

Avril 2018, Reportage pour Libération au Palais de Justice de Paris, derniers jours avant qu’il ne déménage sur le site de Clichy Batignolles. Portrait.

Tessa et son chien Tokyo, issue de la série Les affinités électives, résidence de création à Beyrouth en octobre 2017 dans le cadre du Prix Elie Saab / 32e festival de Hyères

Le petit garçon aux yeux bleus : Diego, 2015. (Collection artothèque de la Roche sur Yon et collection privée) issue de la série « Même une jument est une espèce d’homme » (Lumière d’Août, William Faulkner) initiée en résidence de création à Grand Quevilly  à l’été 2015.

Agata, 2018, issue de la série en cours Le Temps de l’immaturité (titre provisoire-Collection Artothèque de la Roche sur Yon) qui  rend hommage à l’écrivain polonais Witold Gombrowicz qui développa tout au long de son oeuvre les thèmes de la Jeunesse, de l’Immaturité, et des relations interpersonnelles en ce qu’elles façonnent les individus. L’auteure en  donne une interprétation contemporaine en faisant le portrait d’une jeunesse polonaise dont les corps son en prise avec l’inconfort des tensions politiques, sociales, relationnelles ou introspectives. Cette série a été initiée lors d’une résidence de création à Lodz sur une invitation de la villa Noailles, Unseen à Amsterdam et le Lodz Fotofestiwal, membres de FuturesPlatform ; elle envisage de continuer le projet dans les villes que l’écrivain a habitées : Varsovie, Paris, Vence et Buenos Aires.

Actualités
Une partie de cette série est montrée à Arles cet été, Espace MLB – 16 rue Vernon-    

Les commandes de Libération pour la Fashion week homme et la Haute couture ont été publiés dans le « Libé des photographes spécial Arles. »

 

Vous avez dit Prix photo? Un mode d’emploi chez Filigranes éditions

Filigranes Editions publie « Prix photo, mode d’emploi », ouvrage destiné à guider photographes et mécènes.

Conçu comme un outil “pratique”, ce livre cherche à tirer des enseignements et à proposer des informations, axes de réflexion et conseils pratiques à ceux qui postulent aux prix et à ceux qui veulent en créer ou y participer d’une manière ou d’une autre. En fin d’ouvrage, le lecteur trouvera un recensement des principaux prix jouissant d’un rayonnement et de la reconnaissance de la profession en France.

 

Chantal Nedjib, consultante en image par la photographie, et Sophie Bernard, journaliste spécialisée en photographie, se sont associées, avec l’expertise méthodologique de Frédéric Chassagne, pour écrire un guide pratique des prix, résidences, bourses et autres récompenses professionnelles dédiées à la photographie.

Ce livre s’adresse principalement aux photographes et mécènes, et plus largement à l’écosystème de la photographie. Un ouvrage mode d’emploi pour décrypter les règles et usages des prix afin d’en tirer le plus grand bénéfice et éviter les pièges.


Pourquoi ce livre ?
Partant du constat que les prix, résidences et bourses photographiques sont de plus en plus nombreux, les auteures ont voulu comprendre les ressorts de cet engouement, l’intérêt des mécènes à les créer, la motivation des photographes à y participer.

Pour étayer leurs points de vue, elles ont interrogé deux cents professionnels – responsables d’institutions, commissaires d’exposition, éditeurs, galeries, photographes, observateurs, mécènes, journalistes et collectionneurs – sur l’impact des principaux prix français reconnus dans le secteur de la photographie. Soixante-dix d’entre eux ont apporté leurs éclairages et commentaires :

– Quels regards ces acteurs portent-ils sur les prix ? 

– Les jugent-ils indispensables ou simplement utiles ? 

– Comment évaluer la qualité et le succès d’un prix ? 

– Quels bénéfices en tirent les entreprises, mécènes, partenaires, photographes, institutions, galeries, festivals, etc.

Conçu comme un outil “pratique”, ce livre cherche à tirer des enseignements et à proposer des informations, axes de réflexion et conseils pratiques à ceux qui postulent aux prix et à ceux qui veulent en créer ou y participer d’une manière ou d’une autre. En fin d’ouvrage, le lecteur trouvera un recensement des principaux prix jouissant d’un rayonnement et de la reconnaissance de la profession en France.

Actualités

3 juillet-18:30 Signature du livre –  Summertime, 2 rue de la Calade, Arles

31 août Interview de Brigitte Patient sur France Inter dans son émission « Regarder voir »

www.filigranes.com

Pour le commander

La Fondation Swiss Life réinvente son Prix Swiss Life à 4 mains

Digital After-Love © Oan Kim / M.Y.O.P.

Soutien actif de la création artistique depuis plus de 10 ans, la Fondation Swiss Life lance l’édition 2020-2021 de son Prix Swiss Life à 4 mains – photographie et musique.
Destiné à révéler des talents, ce prix artistique récompense un projet de création croisée et originale d’un photographe et d’un compositeur.

Avec cette 4ème édition, la Fondation Swiss Life a choisi de réinventer son Prix. La Fondation Swiss Life a souhaité ouvrir la sélection des artistes au niveau national et faire vivre le Prix sur deux ans.
« Notre objectif : que le grand public et les collaborateurs Swiss Life puissent s’approprier l’œuvre, avec un choix de lieux diversifié à Paris et en région comme des salons, musées, galeries… » souligne Nathalie Martin, déléguée générale de la Fondation Swiss Life.
La nouvelle formule sera présentée aux Rencontres de la Photographie à Arles lors de la semaine d’ouverture du 1er juillet au 5 juillet 2019.

Une édition plus ouverte avec de nombreuses nouveautés: 

Les principales nouveautés de cette 4ème édition :
–  Lancement d’un appel à candidatures à des binômes photographe / compositeur déjà constitués : en ligne pendant 4 mois, la plateforme dédiée sera ouverte du 1er juillet au 1ernovembre 2019 sur https://prixswisslifea4mains.optimytool.com/fr.
–  Un accompagnement inédit des lauréats dans leur travail de création par la Fondation Swiss Life.
–  Un soutien continu par des conseillers artistiques photographie et musique de renom : Emilia Genuardi et Elsa Janssen, directrices du salon a ppr oc he, pour la photographie ; Olivier Bouley, fondateur des Pianissimes, pour la musique.
–  Valorisation de l’œuvre commune et des artistes sur 2020 et 2021 dans des institutions et galeries partout en France.
La révélation de l’œuvre se fera lors de la 4ème édition du salon a ppr oc he en novembre 2020. Elle sera suivie d’une exposition à la galerie Thierry Bigaignon à Paris en décembre 2020. En 2021, une soirée privée avec concert / performance sera organisée au Jeu de Paume ; tandis que l’exposition circulera dans des grandes villes de région.

Ce qui ne change pas :
–  Chaque lauréat recevra une dotation de 15000 € sur 2 ans, et la Fondation Swiss Lifeprendra également en charge les frais de production de l’œuvre.
–  Un ouvrage photographie et musique sur l’œuvre commune sera édité.
–  Le projet lauréat sera sélectionné par un jury de professionnels du monde de laphotographie et de la musique.#ChoisirLaCulture #SoutenirLaCréation

Equipe du prix Swiss Life à 4 mains

Les prochaines étapes :

Open Café pendant les Rencontres de la Photographie à Arles : les mercredi 3 et jeudi 4 juillet 2019 de 10h30 à 12h30, à la galerie MYOP au 5 rue du Cloître à Arles, les personnes curieuses et intéressées pourront échanger de façon conviviale sur le nouveau Prix Swiss Life à 4 mains avec Nathalie Martin, déléguée générale de la Fondation, et Elisabeth Parnaudeau, chargée de mécénat et de communication.

La Fondation Swiss Life sera également présente aux Rencontres d’Arles pendant la Nuit de l’Année le vendredi 5 juillet : « Digital After Love. Que restera-t-il de nos amours ? », l’œuvre lauréate de la 3ème édition du Prix Swiss Life à 4 mains, de Ruppert Pupkin et Oan Kim, a été sélectionnée pour être présentée à l’occasion de cet événement festif incontournable de la semaine d’ouverture des Rencontres d’Arles.

L’appel à candidatures pour le nouveau Prix Swiss Life à 4 mains est ouvert du lundi 1er juillet au vendredi 1er novembre 2019 sur https://prixswisslifea4mains.optimytool.com/fr/.

Le jury final se réunira janvier 2020 pour choisir le duo lauréat.

Contacts

Fondation Swiss Life
Nathalie Martin, Déléguée Générale nathalie.martin@swisslife.fr
Elisabeth Parnaudeau, chargée de mécénat et communication elisabeth.parnaudeau@swisslife.fr

Relation presse du Prix Swiss Life à 4 mains
Nathalie Dran – 06 99 41 52 49 / nathalie.dran@wanadoo.fr

Chantal Nedjib conseille la Fondation Swiss Life

 

« Quand les nuages parleront » d’Emeric Lhuisset, huitième Résidence BMW exposée pour les 50 ans des Rencontres d’Arles

 

Lauréat 2018 de la Résidence BMW, l’artiste plasticien Emeric Lhuisset interroge les limites de la photographie.
Son sujet porte sur la disparition de lieux et de populations dans des zones de conflit millénaire.

 

 

Quand les nuages parleront » brise le tabou de la censure pour la contourner et trouver des modes de représentation permettant de montrer ce que l’on ne peut pas montrer, via des métaphores. Son projet est conçu comme une retranscription artistique d’analyses géopolitiques.

 

 

En Résidence à GOBELINS, l’école de l’image, l’auteur a nourri son travail de documentariste sur le terrain, de sources extra photographiques.
Poursuivant sa réflexion sur les réfugiés, sur ce qui amène à la migration, il a souhaité aller plus loin en témoignant de la construction d’une situation amenant l’exil. Il a ainsi mené une recherche sur la disparition de voix dissidentes, d’architectures, de cultures et même de peuples entiers : l’histoire d’un territoire construit sur la disparition.

Emeric Lhuisset déconstruit ainsi l’écriture héroïque du photojournaliste entre fragments de réel et indices au cœur de l’action, en y faisant entrer la nécessité de l’analyse géopolitique qu’il affectionne.
« Entre geste artistique et usage de documents bruts, les nouvelles pratiques jouent de la multiplicité des matériaux, certains chargés de sens, d’autres étant moins référentiels (…). Le visible ne détient en lui-même aucune vérité manifeste » commente François Cheval, directeur artistique de la Résidence BMW dans la préface du livre publiée aux éditions Trocadéro.

LE LIVRE DANS LA COLLECTION BMW ART & CULTURE.


 

 

 

 

Les éditions Trocadéro et BMW coéditent un ouvrage présentant une sélection d’images et de recherches réalisées par le lauréat pendant la Résidence BMW à GOBELINS, l’école de l’image. Ce livre est le huitième ouvrage de la collection BMW Art & Culture consacrée aux lauréats de la Résidence BMW.
Préfacé par Vincent Salimon, Président du directoire de BMW Group France, le livre débute par un commentaire de François Cheval sur la représentation et se termine par un texte du politologue Ahmet Insel. Il sera en vente aux Rencontres d’Arles.

 

Vincent Salimon, Président du directoire de BMW Group France, réaffirme l’engagement de BMW dans la photographie, en cette année de double anniversaire, celui des 10 ans de partenariat avec le festival et des 50 ans des Rencontres d’Arles. « Cette décennie de partenariat avec les Rencontres d’Arles témoigne de notre soutien pérenne à la photographie contemporaine émergente. Le risque que nous prenons chaque année en donnant carte blanche à un lauréat dont on ne sait pas ce qu’il produira pendant la Résidence, nous assure d’être surpris et d’étonner le public.L’entreprise n’endosse aucune responsabilité sur le fond du projet (présenté ici NDLR) mais elle assume et revendique la posture du mécène qui soutient la jeune création sans prendre parti, ni s’immiscer dans les choix artistiques dans lesquels le photographe s’engage. Nous souhaitons poursuivre ces aventures aussi marquantes que les précédentes pour les artistes et pour le public d’amateurs toujours plus nombreux »

 

Durant l’exposition, le public pourra découvrir une vidéo réalisée pendant la Résidence par Clothilde Royer, étudiante en 3ème année du cursus photographie à GOBELINS, qui dévoile l’univers du photographe et son processus de création.
Emeric Lhuisset a été assisté par Jeanne du Bresson, elle aussi en 3ème année du cursus photographie à GOBELINS. Cette dernière l’a suivi durant tout le processus de création et de production de son travail, s’intégrant ainsi dans le dispositif de transmission décidé conjointement par BMW et GOBELINS.

 

EXPOSITION
– 1er juillet au 22 septembre 2019 Cloître Saint Trophime pendant les Rencontres de la Photographie d’Arles
– 7 au 10 novembre 2019  à Paris Photo au Grand PalaiS

Contacts
mprangey@gmail.com
maryse.bataillard@bmw.fr

l’image par l’image conseille BMW Art et culture

Carte blanche à Lola Reboud

Axel et Axelle, (Ris orangis)-les bords de seine – Essonne. Dans le cadre de la résidence d’artiste Un été à Evry

Photographe passionnée par les rencontres qui guident son travail, Lola Reboud touche les spectateurs par la relation qu’elle tisse avec les sujets qu’elle aborde. Le fil conducteur de sa démarche photographique est celui qu’elle entretient avec le climat. 
La géographie comme les cycles des saisons y est aussi important que les individus.

Composées de portraits et de paysages,  ses séries ne sont pas illustratives des changements climatiques tels que rapportées habituellement par les médias. Sensible à la manière de traiter le sujet de l’environnement par des sensations évoquées dans des scènes de vie, l’image par l’image vous propose une rencontre avec la photographe et quelques images de la série 180 km après la mer que nous vous proposons de découvrir et contempler.

Lola Reboud a répondu aux questions de l’image par l’image 

Comment avez-vous commencé la photographie ?
Vers 15/16 ans, je photographiais mon quotidien avec un compact Olympus que j’empruntais à ma mère, sans aucune intention particulière, si ce n’est faire des albums souvenirs. Pour mes 18 ans, mon père m’a offert un Nikon FE et j’ai installé un labo noir & blanc dans ma salle de bain d’étudiante. Puis lorsque j’ai intégré la section photo-vidéo aux arts déco, mon père ( encore !) m’a donné son Hasselblad. Le format carré est devenu mon 2eme œil. Je m’en sers encore, bien que le numérique a aujourd’hui largement pris le dessus dans ma pratique et que ce format carré ne soit (malheureusement) pas développé par les industries de la photographie.

Qu’est ce qui vous anime?
Les rencontres !
Avec les personnes, avec des univers que la photographie me permet de découvrir. La photographie est aussi l’occasion d’aller vers l’autre et le portrait en photographie produit cet espace de rencontre. L’art a été aussi une rencontre pour moi et c’est l’univers visuel avec lequel je dialogue.

Comment choisissez-vous vos thèmes photographiques?
J’ai commencé avec la sérieLes Climats, c’est une recherche au long cours, qui a commencé par une rencontre avec la ministre de l’environnement d’Islande et qui m’a sensibilisée au sujet. Elle se poursuit encore aujourd’hui, au Japon puis en Corse.
Pour une carte blanche photographique, comme par exemple la  Jeunesse en France,  commanditée par le ministère de la culture, il y avait un cahier des charges mais j’étais autonome dans le choix du lieu et des situations, et la figure de la jeunesse déjà présente dans mon travail résonnait avec cette commande.

Pouvez-vous nous éclairer sur votre processus de création et leur réalisation ?
Il n’y a pas vraiment de règles. Je trouve mes images dans la réalité puis je procède par mise en situation avec mes modèles. Je ne suis pas une photographe de studio, mon atelier se trouve dans le monde. Mais le travail de recherche en amont est tout aussi important. Aujourd’hui je m’associe aussi avec des chercheurs dans d’autres disciplines que la mienne selon les projets et cela peut produire des formes parfois inattendues. Echanger avec des géographes, des volcanologues, des océanographes me permet de voir et de  comprendre le monde à travers leur prisme. Je ne ferai sûrement pas attention au même paysage si je n’étais pas orientée par leurs connaissances et leur perception.

Vous effectuez aussi des commandes, quelle est votre relation avec cette pratique ?
Elle est essentielle parce que c’est un exercice appliqué pour poser mon regard sur le monde. Quelque soit le type de commande il s’agit toujours de photographie, et c’est le métier que j’ai choisi. Ce sont généralement des commandes où j’ai «carte blanche » ou bien des portraits.

 Quelle vision avez-vous des marques et de leur relation avec la photographie ?
Les marques utilisent constamment l’image, elles aiment et ont besoin d’images et en particulier de  photographies pour communiquer. Les réseaux sociaux, instagram par exemple aujourd’hui, ont encore plus démocratisé les types d’images et leur médiatisation. Une marque se diffuse sur de plus en plus dans des supports variés et une photographie postée sur Instagram n’aura pas tout à fait la même force visuelle que dans un magazine papier, une campagne d’affichage dans le métro, ou qu’une publicité au cinéma. Les supports, les spectateurs sont  de plus en plus divers et les registres photographiques le deviennent aussi. . Je reste observatrice de ce que les entreprises produisent.

Vous effectuez aussi un travail photographique de commandes … appréciez-vous aussi cette approche plus orientée « corporate » ?
Oui ! Il y a quelque chose d’enthousiasmant à travailler avec une équipe.
Pour ma part il s’agit souvent de commandes où je suis plutôt autonome dans ma proposition, il me semble que cet espace est tout aussi enrichissant pour le photographe que le commanditaire. Cela laisse aussi un espace de sensibilité et de relationnel qui m’importe. Le principal enjeu est celui de concilier la demande de l’entreprise et mon propre travail, car c’est moi qui photographie dans les deux cas.

Qui est Lola Reboud? 

@Antoine Vanoverschelde

Lola Reboud est née en 1982. Après l’obtention d’un D.N.A.P. aux Beaux Arts de Cergy et d’un master en Esthétique à la Sorbonne, elle intègre l’école Nationale Supérieure des Arts Décoratifs (E.N.S.A.D) de Paris en Photographie. Elle complète sa formation à New York, en 2008 au sein de l’agence Magnum Photo et y assiste les photographes Elliot Erwitt et Alec Soth. Puis en 2011 elle assistera une année Yto Barrada, à Tanger.

Son travail est exposé en France et à l’étranger et notamment au CentQuatre, ParisPhoto, Galerie du jour-Agnès b., Nooderlicht photofestival, Photaumnales, la Box-Bourges, Kyotographie, CCO Art Center Osaka, musée Nicéphore Niépce, CACP villa Pérochon, Festival Images Singulières, Collection Yvon Lambert (…).

Membre du studio Hans Lucas, elle réalise aussi des commandes et des portraits pour la presse

Mention spéciale au Prix Photolevallois pour Les Climats I (Islande), la bourse pour la photographie documentaire du CNAP  lui permettra de réaliser Les Climats IIau Japon, et qui sera publié aux éditions Poursuite. Elle participe à l’expédition TARA méditerranée puis en 2017, à la commande photographique coordonnée par le ministère de la culture Jeunes générations.

Son actualité
Une exposition de la série Les Climats II (Japon) en avril,  à l’Institut Français de Kyoto puis en novembre une exposition au festival PhotoLux à Lucca en Italie.
Elle fait partie du programme de thèse de création avec l’ENSP, qui donnera lieu à une exposition d’ici 3 ans.  

https://lolareboud.com