Carte blanche

Carte blanche à Dana Cojbuc


Rencontrée lors d’un Tête à Tête des Filles de la Photo organisé en zoom pendant le confinement, Dana Cojbuc a intrigué l’image par l’image par la poésie qui se dégage de la série « Conte d’hiver ».  Les images de ces paysages ou de ces personnages étaient bien là, la photographie témoignait de leur présence devant nous, mais quelque chose semblait irréel. Le dessin avait pris le relais d’une histoire et traduit l’imaginaire de la photographe pour l’amener vers des images inventées. Une métaphore de l’année 2021 qui s’ouvre après une année 2020 qui n’a ressemblé en rien à ce que nous avions imaginé.  L’image par l’image vous souhaite  » une bonne année, tout simplement ! « , sans emphase,  avec les images surprenantes et inspirantes de Dana Cojbuc.

 

Dana Cojbuc a répondu aux questions de l’image par l’image 

Quand avez-vous commencé la photographie ?
Vers 17 ans, j’ai eu l’appareil de mes parents, un Zenith, qui me servait à tout photographier autour de moi, toute chose qui m’intriguait. Nous n’étions pas nombreux, dans mon petit village au sud de la Roumanie, à avoir un appareil photo et, très souvent, les gens allaient se faire photographier dans une fête foraine par le photographe du village. Même decor, même mise en scène. Par la suite j’ai réussi à suivre des etudes à  l’école de Beaux arts de Bucarest, spécialité photographie.

Qu’est-ce qui vous anime ?
L’envie de montrer mes pensées en images, de transformer la réalité que je contemple, de la construire avec mes outils. Quand quelque chose suscite mon intérêt, je ressens l’enthousiasme qui m’envahit, et l’envie de tourner autour de cette chose autant de fois que nécessaire pour avoir la bonne image de cet instant.

Comment choisissez-vous vos thèmes photographiques?
La plupart du temps, je dois m’extraire du quotidien, revenir dans mon village natal en Roumanie, ou être dans un territoire inconnu, souvent en dehors du milieu urbain.
De forts souvenirs peuvent donner naissance à une série comme « Conte d’hiver » qui tourne autour de mon enfance. L’univers de mon village et les gens de là-bas son souvent la source d’inspiration de mon travail.
Contempler la nature et donner une vision propre de celle-ci, inspirée par les coïncidences, les rencontres impromptues.

Pouvez-vous nous éclairer sur votre processus de création et leur réalisation?
Une fois trouvé le point de départ qui peut être un lieu, une personne, un rituel, un détail je ressens comme une obsession, quelque chose qui ne sortira pas de mon esprit avant la réalisation des images, je construis une mise en scène. Leur cadre est souvent un lieu extérieur et elles sont réalisées avec peu de moyens.
Actuellement, j’expérimente la pratique du dessin pour accompagner la photo et dépasser le cadre de l’image.
J’aime l’idée de surprendre le réel par la photo, le continuer par le dessin et l’amener vers des images inventées.

Quelle est votre relation avec la commande photographique ?
Je ne réponds pas souvent à des commandes photographiques mais l’exercice de la commande m’intéresse. Répondre à un cahier des charges tout en gardant une identité visuelle à soi me paraît le plus important.

Des expositions en préparation / des éditions ?
Le contexte actuel n’est pas facile. En octobre 2020 j’étais invitée au festival Confrontations photo à Gex avec la série « Conte d’hiver », festival reprogrammé pour octobre 2021. Fin novembre 2020 la série « Conte d’hiver » devait être accueillie par Le Leurre, un espace d’expérimentation artistique à Granville.
Les images de la série « Conte d’hiver » sont conçues initialement pour un livre jeunesse, livre qui verra le jour en 2021, j’espère.

Née en Roumanie Dana Cojbuc vit  à Paris.
Diplomée de l’Université d’art de Bucarest, département de photographie et vidéo en 2003  et Diplomée de l’Université Panteio d’Athènes, département de communication et média en 2007. Elle a commencé la photographie à Ciolanesti, un petit village au sud de la Roumanie où, dit-elle, « les gens se côtoient en permanence, les rues sont vivantes et tu entends en continu le bruit des animaux.  Je n’y habite plus depuis longtemps mais sans cesse j’y retourne, comme attirée par la familiarité que je conserve avec ces personnes que je ne côtoie pas mais qui ne sont pas non plus des inconnus.
Dans mon travail, je construis des mises en scène qui propose au spectateur de s’évader du quotidien. J’essaie derrière le silence d’une image de faire entendre une respiration, sentir un mouvement ou déclencher un sourire.
Très inspirée par les coïncidences, les rencontres impromptues, les petites choses de la vie, je choisis des coins de nature pour raconter des histoires qui paraissent irréelles, non sans humour ou sans absurdité.
Actuellement, je suis attirée par l’univers de l’enfance. Le village est présent cette fois-ci en tant que décor pour un personnage de conte.
J’expérimente la pratique du dessin pour accompagner la photo et dépasser le cadre de l’image. »

Dana Cojbuc a participé récemment à une  masterclass, avec FLORE et Sylvie Hugues sous la coordination d’Adrian Claret, dont elle dit qu’ « elle a été l’expérience idéale pour moi qui sentais le besoin d’un chef d’orchestre pour avancer dans un nouveau projet.
Ne pas être seule ou hésitante pendant le processus d’un travail photographique est une vraie chance. » 

danacojbuc.net

 

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