Paul Rousteau est un rebelle.
La photographie techniquement parfaite ne l’intéresse pas. Ses images sont énigmatiques, elles apparaissent comme des expériences ludiques souvent floues et surexposées, son langage visuel est profondément optimiste, sa vision délibérément naïve. Amoureux de la couleur, proche de la peinture au point que parfois on ne sait plus si l’on regarde le travail d’un aquarelliste impressionniste ou d’un photographe d’aujourd’hui. Il joue des limites du médium photographique, il examine les frontières invisibles entre la photographie et la peinture. En plaçant son filtre chromatique caractéristique sur chaque petite expérience, il illumine toute la vie dans son monde. Il mêle la vie et l’art et tente de retrouver la joie et la beauté en toutes choses ; il manipule ses images après la prise de vue. Le talent empathique de Paul Rousseau pour faire ressortir l’esprit de ses sujets n’a cessé d’attirer des clients vers son univers. Glissant de manière harmonieuse entre beaux-arts et mode, nature morte et voyages, ses photos ont été publiées dans des magazines, primées et exposées. L’image par l’image a découvert ce travail dans la sélection de finalistes du Prix HSBC pour la photographie 2019 effectué par le conseiller artistique Stefano Stoll. Nous partageons avec vous cet univers, espérant que, comme nous incite Paul, « vous trouverez la joie et la beauté en tout ».
Paul Rousteau a répondu aux questions de l’image par l’image
Quand (et comment) avez-vous commencé la photographie ?
À 18 ans, je suis allé étudier l’art en Belgique, à Saint-Luc Tournai. Malgré ma passion pour la peinture, je me suis tourné vers la photographie, car c’était la pratique à laquelle je m’adonnais le plus au jour le jour. Je suis ensuite aller me perfectionner à l’école de Vevey, en Suisse.
Qu’est -ce qui vous anime ?
Dans mon travail, j’essaie souvent de montrer l’invisible. Je n’ai pas la preuve qu’un monde subtil existe, mais je fabrique des images qui pourraient l’illustrer.
Les objets, les personnes ou les paysages que je photographie sont paradoxalement un prétexte pour traduire ces allégories de l’invisible.
Comment choisissez-vous vos thèmes photographiques ?
Mes thèmes sont des choses que j’aime regarder et qui me donnent de la joie : une fleur, un oiseau, un coucher de soleil, un arbre, un enfant qui rit.
Pouvez-vous nous éclairer sur votre processus de création et leur réalisation ?
Je veux partager avec le spectateur cet état contemplatif que je vis parfois. Ce « plaisir de voir », ces émotions complexes et intenses sont difficiles à traduire visuellement. C’est pour cela que je fais de nombreuses expérimentations. Parfois, une image se rapproche de ce sentiment et révèle la grâce de la création. Alors je la garde. Je dirais que c’est une technique entre la peinture et la photographie. J’imprime l’image que je repeins ensuite. J’ai expérimenté longtemps avant de trouver ce procédé. Cette technique ambivalente est aussi une manière d’inciter le spectateur à se questionner sur l’image qu’il voit.
Quelle est votre relation avec la commande photographique ?
J’ai toujours réalisé des commandes photographiques. Elles me permettent de rencontrer des univers différents, de faire de voyages, de gagner de l’argent mais surtout de faire évoluer ma photographie. C’est un exercice que j’aime beaucoup et que je développe encore avec beaucoup de marques.
Des expositions en préparation / des éditions ?
Je travaille actuellement sur un projet d’édition et d’exposition avec La Villa Noailles, à Hyères.
Le livre « Geneva » paru aux éditions Louis Vuitton, était- ce aussi une commande ?
Cette commande dans la collection Louis Vuitton Fashion Eye (qui présente des villes, des régions ou des pays à travers les yeux de photographes de mode NDLR) est une carte blanche afin d’illustrer la ville de Geneve. Quand on m’a proposé ce livre, ma première intention a été de montrer une Suisse paradisiaque et idéale. J’ai voulu montrer une Genève sensuelle, accueillante et voluptueuse, remplie de romances passionnées, de drames sentimentaux.
Né en France en 1985, Paul Rousteau a suivi les cours de l’école alternative Steiner-Waldorf. Il fait ensuite ses études à
l’école de photographie de Vevey, en Suisse;
Il a exposé au Festival Images Vevey en Suisse en 2014, aux Rencontres de la Photographie d’Arles en France en 2016 et à la galerie du jour Agnes b à Paris Photo en 2016. En 2017, il a été sélectionné comme l’un des finalistes pour exposer au Festival d’Hyères en France et en 2019 il fait partie des finalistes du Prix HSBC pour la photographie.
Entre les beaux-arts et la mode, les natures mortes et les voyages, ses photos sont parues dans M, le magazine du Monde, i-D, The New Yorker et Libération; il a travaillé pour des marques comme Agnès b et Diptyque.