Carte blanche à Sandra Reinflet

Daouda photographe

Daouda photographe

Le travail de Sandra a été mon coup de coeur lors du Jury de la Bourse du talent – Portraits.

Sandra Reinflet  se dit « inventeuse d’histoires vraies » et non photographe. La série présentée VoiE/X  s’intéresse à la naissance d’une vocation d’artiste et à la façon de le rester dans un contexte difficile.  Menée comme une enquête, elle a été initiée en Mauritanie  où il n’y a pas de cinémas, pas d’école d’art, peu de galeries et où l’islam interdit certaines formes de représentations. Sandra y a trouvé poésie, inventivité et  beauté. Elle entend à présent développer ce travail dans d’autres pays où l’art et les artistes sont contraints.

L’image par l’image vous propose la découverte de ce travail et aussi de cette jeune femme atypique qui nous raconte des histoires (vraies) autant par l’image que par l’écriture. Dans ce projet, elle se fait le porte-voix d’artistes qui racontent la naissance de sa vocation puis cherchent leur place dans un décor qui les dépasse.

Sandra Reinflet a répondu aux questions de l’image par l’image 

Quand et comment avez-vous commencé la photographie ?
En 2006, je faisais un tour du monde de quatorze mois avec une amie à la rencontre de 81 femmes du même âge (nées en 1981), qui réalisent leurs projets malgré des situations complexes (il était, déjà, question de contrainte !). Je voyageais avec une amie franco-japonaise. Pour ce projet, elle était chargée de la photographie, moi du rédactionnel (nous rédigions des portraits de femmes pour plusieurs journaux français). Or, par deux fois, Yuki a perdu ou cassé son appareil. Arrivée en Birmanie, j’ai acheté mon premier bridge, pour prendre le relais. Ca a été une révélation. Je ne connaissais rien à la technique, mais découvrais une nouvelle manière de partager des moments. Après le mot, j’avais l’image. Un nouveau champ de possibles s’est ouvert !

Vous définissez- vous comme une photographe de portrait?
Pas vraiment. Je ne me définis d’ailleurs pas comme photographe tout court. Je pratique la photographie, je l’utilise comme un média, au même titre que l’écriture, la vidéo ou la musique. Quelque soit le support, l’important est de transmettre une émotion. Pour chaque projet, je choisis l’outil qui me semble le plus naturel pour mettre en scène le réel. Raconter l’existant, quitte à tendre des miroirs déformants (puisque je crois que tout acte de création est une fiction, dès lors que l’on pose un regard, un cadre).

Mais pour répondre à votre question sur le portrait, c’est effectivement, aujourd’hui, la tendance de mon travail photographique. Au départ, je me sentais plus à l’aise avec les reportages, les paysages, les mises en scènes inanimées (à l’image en tout cas, puisque dans l’écriture texte, j’ai toujours réalisé du portrait – ou de l’autoportrait). Faire poser quelqu’un est une expérience très intime, il m’a fallu quelques années d’expérimentations pour oser m’y confronter. A présent, je découvre une autre manière de rencontrer, de dire par le corps, parfois plus que par les mots. C’est très inspirant.

Le projet en Mauritanie a commencé par accident, que cherchez -vous à raconter? Pourquoi et comment mélez -vous voix et image?
Mon compagnon réalise des films documentaires sur le développement en Mauritanie. Il m’a parlé des difficultés rencontrées par les artistes pour faire connaître et partager leur travail. Quand je l’ai rejoint pour un mois, j’ai proposé à l’Institut Français de Nouakchott d’animer des ateliers d’écriture avec des artistes, puis de les prendre en photo à partir de leurs récits. L’idée était de travailler sur la voiE à l’écrit (où et comment est née leur vocation), puis sur la voiX par l’image (comment se faire entendre dans un pays à 95% désertique, où la religion fait la loi et où l’art n’est pas diffusé). Les portraits sont pris au grand angle, dans le paysage qui contraint autant qu’il inspire les artistes. Je les voulais à la fois perdus et au centre de l’image.

Je pensais m’arrêter à ces portraits mauritaniens, exposer le travail à l’Institut et passer à autre chose. Mais en découvrant la force des photos et l’importance du projet pour les artistes, j’ai senti que ce projet devait aller plus loin, s’étendre à d’autres pays, d’autres milieux contraints. L’épisode mauritanien est donc le premier d’une longue série où nous allons interroger la contrainte (et qui sait, peut-être la dépasser ?). Je pars en Papouasie Nouvelle Guinée pendant six semaines cet été pour poursuivre ce travail.

 Quelle relation voyez- vous entre les marques et la photographie ?
Il me semble que le monde de l’entreprise (et le monde tout court d’ailleurs) comprend que l’ère de la publicité est terminée. Les consommateurs, les citoyens, cherchent du sens, de l’émotion. Ils créent, interagissent avec les marques via les réseaux sociaux. Pour les rallier à leur cause, les entreprises doivent partager une philosophie, une éthique. Aller au-delà du produit pour s’inscrire dans la société. Or, la photographie est le reflet de cette société. Elle est une capture du temps. Un arrêt sur image. Un témoin sensible. Un ancrage dans l’époque.

Le métier de photographe est lui aussi en métamorphose. Le déclin de la presse papier entraîne des difficultés à vivre de son travail. Il faut chercher d’autres manières de développer sa pratique, par des collaborations et des croisements d’univers. La photographie doit trouver ses marques.

Seriez-vous prête à travailler pour des marques sous forme d’une commande et quel serait alors votre enjeu ?

J’ai, jusque-là, plutôt refusé les travaux de commande. Il m’est arrivé de proposer des projets photographiques à des villes, sous forme d’action culturelle, de projets collectifs, de créer des affiches de théâtre ou de concerts, mais je n’ai jamais réalisé de photographie « alimentaire ». C’est à dire de photographie dans laquelle je ne trouve pas d’enjeu de création. La photographie n’est pas une illustration, c’est un vrai parti pris, une signature. Les entreprises qui s’engagent en faveur du 8ème art l’ont bien compris.

Je suis tout à fait prête à travailler avec des marques, dans la mesure où cet enjeu créatif est au coeur de la collaboration (je viens notamment d’entamer un travail en ce sens avec la fondation de la Maison Roederer). Créer sous contrainte peut être une grande source d’inspiration, une manière de s’ouvrir des perspectives, d’incliner la tête et d’apercevoir de nouveaux angles de vue.

 

©Farid Karioty

Née en 1981, Sandra Reinflet a un parcours atypique. Après un bac lettres et arts, elle atterrit par hasard (appelons ainsi son conseiller de dés-orientation) dans une école de commerce. Un accident de voiture l’année de ses vingt ans lui fait prendre conscience de l’urgence à réaliser ses projets, de se remettre à une (bonne) place. Elle termine son diplôme à l’Université des Philippines avant de partir autour du monde et de pratiquer l’écriture et la photographie en autodidacte.

Depuis, elle anime des ateliers d’écriture et des projets collectifs. Elle a déjà publié trois ouvrages photos-textes. Le dernier, intitulé Qui a tué Jacques-Prévert ? (Editions de la Martinière), questionne le souvenir d’enfance, comme son précédent ouvrage Je t’aime [maintenant] (Editions Michalon) questionnait le souvenir amoureux. Autre approche sérielle, elle a publié en 2010 Same same but different, récit d’un voyage de 14 mois autour du monde à la rencontre de 81 femmes du même âge. L’exposition photos éponyme a fait le tour de France. Le projet Qui a tué Jacques Prévert ? a quant à lui été exposé à la Bibliothèque Nationale de France et à la MEP de Lille en 2014, dans le cadre de la Bourse du talent reportage.

Sandra Reinflet poursuit cet été sa série « VoiE/X » en Papouasie avant d’aller en Iran, au Groenland, en Haiti et au Turkmenistan. Elle cherche actuellement des partenaires pour ce projet.

Détails et digressions sur www.sandrareinflet.com

 

SMITH et Antonin Tri Hoang, lauréats de la deuxième édition du Prix Swiss Life à 4 mains

© SMITH 2016- Spectrographies, 2015, courtesy Galerie les Filles du Calvaire

© SMITH 2016- Spectrographies, 2015, courtesy Galerie les Filles du Calvaire

 

Le jury de la deuxième édition du Prix Swiss Life à 4 mains a choisi le duo constitué de la photographe SMITH (Dorothée Smith) et du musicien Antonin Tri Hoang. Ils présenteront leur création Saturnium à l’été 2017 au Palais de Tokyo, dans le cadre de l’exposition Le rêve des formes, et dans un livre disque édité chez Actes Sud.

 

 

Le rêve des formes, thème de la deuxième édition

Pour cette deuxième édition, la Fondation Swiss Life s’est associée à deux partenaires de renom, le Palais de Tokyo à Paris et l’école du Fresnoy — Studio national des arts contemporains — à Tourcoing. Le thème, Le rêve des formes, est celui de l’exposition éponyme qui sera présentée à l’été 2017 au Palais de Tokyo pour célébrer les 20 ans de l’école du Fresnoy. La création des lauréats y sera installée pendant toute la durée de l’exposition dont le commissariat artistique sera assuré par Alain Fleischer et Claire Moulène.

Saturnium par SMITH et Antonin Tri Hoang

Fascinés par les travaux de Marie Curie, le duo a choisir de faire de la radioactivité sa machine à rêves de formes. Ils composent alors un conte, qui repose sur la découverte imaginaire par Marie Curie d’un nouvel élément chimique radioactif qu’ils baptisent « Saturnium », en référence au dieu du temps, et de la figure mélancolique. Une substance capable de modifier l’espace-temps, et que la célèbre scientifique aurait choisi de ne jamais révéler…
La proposition artistique du duo imagine la rencontre entre notre monde, et celui du Saturnium.
« La somme de la poésie, de la puissance, de la révolution, de la menace, de la force que contient ce phénomène au cours duquel des noyaux atomiques instables se désintègrent spontanément, émettant un rayonnement capable de transmuter la matière, s’est imposée aux lauréats comme le point d’approche idéal de la thématique proposée pour ce concours.»

Leur conte permettra de penser, de travailler, d’explorer, en images et en musiques, la possibilité de la catastrophe, l’apocalypse nucléaire, le changement d’époque, l’avènement d’une fin de l’histoire comme structurant le sens, la pensée poétique, onirique, de la forme des prémices d’un nouveau monde auquel il est permis de rêver.

ARTISTPORTRAIT© SMITH 2016

ARTISTPORTRAIT© SMITH 2016

         

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« Nous souhaitons créer une œuvre capable de traverser, de transformer le spectateur à travers des mutations rêvées de la matière, du temps, de l’espace, des images et des sons. En interrogeant tacitement l’héritage de catastrophes telles que Tchernobyl ou Fukushima dans la philosophie et la création contemporaine, notre anthropocène et notre rapport à notre présent, notre passé et notre futur, nous espérons, à travers ce Saturnium fait de rêves de nouvelles formes, faire naître chez nos spectateurs un étonnement, sinon un émerveillement, un éveil, afin que ce projet fasse œuvre et sens face à ce qui nous dépasse », commentent les lauréats. « Ainsi, un nouveau monde possible est en train de naître sous nos pieds, et le projet proposera au spectateur d’entrer en contact avec lui. »

Les lauréats disposent de près d’un an pour croiser leurs points de vue et réaliser, à 4 mains, une œuvre artistique unique : une installation, une création musicale de 40 à 50 minutes et une série de 30 photographies.

Le principe du Prix Swiss Life à 4 mains

À l’issue du processus créatif, la Fondation assurera la promotion de l’œuvre avec :
– un livre disque aux éditions Actes Sud, collection « Images de musique » ;
– une présentation au Palais de Tokyo à Paris pendant l’été 2017 à l’occasion de l’exposition
– une exposition des photographies dans les locaux de Swiss Life Banque Privée, place Vendôme

Le Prix Swiss Life à 4 mains est une initiative artistique développée par la Fondation Swiss Life depuis 2014. Destiné à révéler des artistes encore peu connus, le Prix invite, tous les deux ans, un compositeur et un photographe à imaginer une création croisée pour un projet original commun.

Anne-Marie Lasry-Weiller, directrice de la Fondation Swiss Life, explique : « Depuis sa création il y a sept ans, la Fondation Swiss Life soutient activement la création artistique en encourageant de jeunes artistes et favorise la rencontre entre des univers. Pour le Prix Swiss Life à 4 mains, nous avons voulu créer un dialogue inédit entre musique et photographie, deux engagements de la Fondation Swiss Life. »

Neuf experts 1 en photographie et musique nommés par la Fondation Swiss Life ont parrainé des candidats dans leur domaine. Ceux-ci ont formé leurs duos et ont proposé leur projet commun.
Après présélection, quatre duos ont défendu leurs projets devant un jury de professionnels du monde de la culture.

La première édition, révélée en 2015, a permis au duo constitué du photographe Julien Taylor et du compositeur Arthur Lavandier de créer Bobba, un opéra de chambre inspiré de l’exposition Chagall et la musique, présentée à la Cité de la musique et au musée La Piscine.
https://www.facebook.com/Prix.Swiss.Life.4mains/

Contacts

annemarielasry@swisslife.fr
anne.pizet@swisslife.fr
c.magné@actes-sud.fr

l’image par l’image conseille la Fondation Swiss Life

Dune Varela, lauréate 2016 de la Résidence BMW

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Dune Varela, photographe franco-américaine a été choisie parmi 84 candidats, par un jury composé, aux côtés de BMW, de personnalités du monde de la photographie.
Elle devient ainsi la sixième lauréate depuis la création de la Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce en 2011.

 

Partenaire des Rencontres de la Photographie depuis 2007, BMW a annoncé à Arles lors du vernissage de l’exposition de la Résidence BMW, le choix unanime du jury pour la photographe Dune Varela.

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Cette photographe franco américaine, née en 1976 à Paris, a d’abord fait des études de droit à Paris puis de cinéma à New York où elle réalise des courts métrages et des films documentaires. Elle se consacre ensuite principalement à la photographie argentique.

 

 

Pour la Résidence BMW, elle souhaite travailler sur les formes de représentation du paysage photographié, à travers diverses temporalités, réfléchir sur l’altération et la fragilité de la photographie comme support et aussi intégrer dans l’image produite le processus de disparition et de disjonction chimique.

Elle expose ainsi son projet : “Pendant cette Résidence, je souhaite créer des correspondances à partir de plusieurs types de matériaux : images du fond d’archives du musée, photographies prises avec des pellicules périmées. Je chercherai à sortir du cadre, à briser le plan, à projeter les dimensions, à proposer un temps autre, transversal et anachronique.”

Serge Naudin, Président du directoire BMW Group France a déclaré :

“ La marque BMW fête ses 100 ans cette année, et se projette résolument vers l’avenir où l’innovation et la créativité sont des priorités absolues. Nous nous félicitons d’avoir attiré, pour l’édition 2016 de la Résidence, des photographes de grande qualité ; la compétition s’est avérée être de très haut niveau. Le jury a choisi une artiste qui oriente ses recherches sur le matériau photographique, ses modes de représentation, y compris ses formes dans l’espace. C’est la preuve que 200 ans après la découverte de la photographie par Nicéphore Niépce, il est encore possible de surprendre ».

Dune Varela recevra, de BMW Group France, une bourse de 6000 €, le financement de son hébergement à Chalon sur Saône, la production d’un travail exposé aux Rencontres de la Photographie d’Arles et à Paris Photo. Un film réalisé par François Goizé et une monographie publié aux éditions Trocadéro dans la collection BMW Art & Culture accompagnera le projet. Sous la direction de François Cheval, conservateur en chef du musée Niépce et avec le soutien de toute l’équipe du musée et du laboratoire, la photographe pourra expérimenter de nouvelles dimensions et s’orienter vers de nouvelles voies de création.

Initiée en 2011, la Résidence BMW est née du souhait commun du musée et de la marque de développer les pratiques photographiques contemporaines, « de l’envie partagée d’aller vers de nouveaux espaces de création » comme le souligne François Cheval, conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce.

Cette résidence vise à offrir un espace de libre expression, à accompagner la production artistique et à encourager l’émergence de talents en offrant à ses lauréats une visibilité exceptionnelle auprès des professionnels et des amoureux de la photographie.

 BMW et la Photographie Contemporaine
BMW Group soutient depuis plus de 40 ans et à travers plus de 100 projets dans le monde la création et les arts contemporains, en ayant pour principe absolu de donner carte blanche aux artistes.
BMW Group France soutient la photographie contemporaine depuis 14 ans et est partenaire des Rencontres de la Photographie d’Arles depuis 7 ans.

http://www.bmwgroup.com/

Contacts
maryse.bataillard@bmw.fr
mprangey@gmail.com
cnedjib@chantalnedjibconseil.com

 

l’image par l’image conseille BMW 

« Nicephora » d’Alinka Echeverria, Résidence BMW, en avant- première des Rencontres d’Arles

ENCRE.BLANCHE.PRESSBMW Art et culture présente « Nicephora » par Alinka Echeverria, lauréate de la Résidence BMW au musée Nicéphore Niépce.

Le projet réalisé par Alinka Echeverria pendant sa résidence est présenté dans un livre coédité avec les éditions Trocadéro dans la collection BMW Art et Culture et dans une exposition aux Rencontres de la Photographie, Arles 2016.

Durant sa résidence de 3 mois à Chalon-sur-Saône, de septembre à novembre 2015, Alinka Echeverría a développé un projet qui examine le médium photographique – invention, reproduction, transfert de l’image – et ses supports de diffusion, en s’inspirant du personnage de Nicéphore Niépce et de son acte fondateur, l’invention de la photographie avec la première héliographie.

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S’intéressant à la représentation de la femme dans l’histoire des arts et de la photographie, elle tisse des liens historiques, techniques et philosophiques entre les collections du musée et la céramique. Elle utilise le vase comme symbole de la féminité, comme vecteur d’allégories mythologiques, et interroge la manière dont les différentes techniques de reproduction des images ont véhiculé le regard sur la femme.
Sa formation d’anthropologue l’a fait pénétrer avec passion dans les collections du musée Nicéphore Niépce. Sa vision du monde est extrêmement introspective et à la recherche de raisonnements alternatifs.
La photographe travaille sur l’interaction entre l’image et le spectateur pour l’amener à appréhender le monde différemment.

P90221623-lowResSortie du livre le 23 juin

Les éditions Trocadéro et BMW coéditent l’ensemble du projet réalisé par la lauréate dans le cinquième ouvrage de la collection BMW Art & Culture consacrée aux lauréats de la Résidence photographique au musée Nicéphore Niépce.

« La fonction de la photographie dès son origine est de capter et de reproduire sans limitation le monde. L’invention de Nicéphore Niépce va donner à cette quête de l’accumulation d’archives une accélération sans précédent. Alinka Echeverria s’empare du pot de terre, héritage du néolithique, pour renouveler le discours photographique et artistique sur notre fascination sur l’accumulation. En recouvrant des vases d’images photographiques, elle rapproche les deux techniques de stockage et opère une continuité entre les greniers à grains et la constitution contemporaine des banques de données.».
Extrait de l’introduction de François Cheval, conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce.

P90221624-lowResLe travail d’Alinka Echeverria lors de la Résidence BMW sera exposée pendant les Rencontres de la Photographie d’Arles, du 4 juillet au 31 août 2016 à la Commanderie Sainte Luce. Le choix d’images et la scénographie sont proposés par la photographe, sous la direction artistique de François Cheval, conservateur en chef du musée Nicéphore Niépce.
L’exposition est produite par BMW Art & Culture, qui reconduit ainsi son partenariat avec les Rencontres d’Arles pour la septième année consécutive. Durant l’exposition, le public pourra découvrir une vidéo réalisée par François Goizé sur les coulisses dela Résidence à Chalon-sur-Saône.

Nicephora sera ensuite exposé du 10 au 13 novembre à Paris Photo 2016, dont BMW est partenaire depuis 14 ans.

P90189554-lowResAlinka Echeverría est une artiste anglo-mexicaine, née en 1981, dont le travail se partage entre la photographie et la vidéo.

Diplômée d’un Master en anthropologie sociale, elle étudie la photographie à l’ICP à New York. En 2012, elle a été désignée
« Photographe international de l’année » par le Lucie Awards et a reçu le Prix HSBC pour la photographie en 2011.

En accord avec les travaux de Foucault, elle cherche grâce à la photographie à « faire apparaître ce qui est si proche, ce qui est si immédiat, ce qui est si intimement lié à nous-mêmes que nous ne le percevons pas ».

De la pratique de la photographie documentaire basée sur sa formation en anthropologie visuelle et sociale, le travail d’Alinka Echeverria a évolué ces dernières années vers une pratique artistique plus conceptuelle.

 Initiée en 2011, la Résidence BMW fête ses cinq ans. A cette occasion, une sélection d’images produites par les quatre premiers lauréats de la Résidence BMW, accompagné de livres et de films sur leur travail seront présentés en même temps que Nicephora d’Alinka Echeverria

Seront ainsi exposées des images de « Ici par delà les brumes » d’Alexandra Catiere, des « Glorieux » de Marion Gronier, de « Wild Style » de Mazaccio & Drowilal et de
« Coup de foudre » de Natasha Caruana.

Rencontres de la Photographie, Commanderie Sainte-Luce, Arles 4 juillet au 31 aout 2016

 Teaser du film réalisé pendant la Résidence : Film/Photo by @francoisgoize

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Coup de coeur pour Seydou Keïta, maître du portrait au Grand Palais

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Le Grand Palais présente une rétrospective éblouissante de l’immense portraitiste, Seydou Keïta, jusqu’au 11 juillet. Cet artiste immense représente la société malienne des années 1940 à 60, et marque la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation. Sa photographie ouvre « l’ère d’une photographie africaine qui, tout en puisant dans ses racines et dans son histoire, affirme sa modernité » indique Yves Aupetitallot co -commissaire de l’exposition avec Elisabeth Whitelaw.

Commerçants, fonctionnaires, hommes politiques, le Tout Bamako est allé se faire photographier chez ce magicien du portrait. Ils ont choisi les costumes et les accessoires, les chapeaux, les bijoux, qui correspondaient le mieux à l’image qu’ils souhaitaient donner d’eux-mêmes.

Metteur en scène hors pair, le photographe magnifie ses sujets, en leur faisant prendre des poses avantageuses, dans son studio, debout, assis ou allongés, une attention particulière portée au regard et à l’emplacement des mains ; les tissus des boubous et des fonds à motif décoratif s’y fondent harmonieusement.

Seydou Keïta Sans titre, 1949-51 Collection © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Seydou Keïta Sans titre, 1949-51 Collection © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Les femmes sont élégantes et sensuelles, les hommes sont fiers et les enfants charmants. Leurs poses sont souvent de trois quart et rompent ainsi avec l’époque précédente où l’usage était de faire poser les sujets face à l’objectif.

 

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Seydou Keïta Sans titre 1949-1951 © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

 

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Seydou Keïta Sans titre, 1952-56 © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

 

 

 

 

Près de 300 tirages sont accrochés de manière chronologique. 20 tirages argentiques modernes sont tirés en grand format, dans les premières salles, donnant à ces images le statut d’œuvre d’art. Les 120 tirages vintage ont été tirés à l’époque du studio, par Seydou Keïta ; certains ont été retrouvés chez le fils de son ami encadreur, dans un carton ; les gens photographiés n’étaient jamais venus chercher.

 

Seydou Keïta Sans titre, 1949-1951  © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Seydou Keïta Sans titre, 1949-1951 © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

 

Assister aux mises en scène et aux prises de vue grâce aux films qui accompagnent l’exposition est jubilatoire et très instructif. Le regard bienveillant de l’artiste et l’attention des sujets à leur pose et à leurs costumes en disent long sur la société malienne de l’époque. C’est une plongée instructive dans cette période de l’histoire, une aide à la compréhension de l’époque et du pays et une exposition à ne surtout pas rater.

 

 

 

 

 

 

Seydou Keïta Sans titre, 1959 (Autoportrait) © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

Seydou Keïta Sans titre, 1959 (Autoportrait) © Seydou Keïta / SKPEAC / photo courtesy CAAC – The Pigozzi Collection, Genève

 

Né vers 1921 à Bamako à cette époque capitale du Soudan français, Seydou Keita gagnera sa vie comme photographe de studio jusqu’en 1962. A la demande des autorités, il devient photographe officiel du gouvernement de la République soudanaise, après l’indépendance du pays proclamée en 1962

 

 

 

 

 

 

 

Un catalogue accompagne l’exposition, textes de Souleymane Cissé, Jérôme Neutres, Yves Aupetitallot, André Magnin, Robert Storr et Dan Leers, éd. RMN, 224 p., 250 ill., 35 euros.

SEYDOU KEÏTA, jusqu’au 11 juillet 2016, Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris,

www.grandpalais.fr/fr/evenement/seydou-keita
 et en savoir plus :
http://www.wipplay.com/fr_FR/user/L_IMAGE_PAR_L_IMAGE/blog/