Bertrand Desprez est un poète photographe. On le connait pour son regard bienveillant qui lui fait réaliser des portraits magnifiques en peu de temps. Il aime les gens et cela se voit. L’émotion est première à la vue de ses photographies toujours élégantes et sensibles. Comment ne pas être touché par ces Haïkus photographiques, qui font d’une feuille de Ginkgo posée sur le sol, de quelques branchages disposés comme un sculpture, des petits instants de vie qu’il raconte avec un coup de lumière, une poésie japonaise. Bertrand Desprez nous enchante avec son éloge du quotidien.
L’image par l’image vous présente ses meilleurs voeux pour une année lumineuse au quotidien, avec une image de ce photographe acrobate de la lumière.
Bertrand Desprez a répondu aux questions de l’image par l’image
Quand avez -vous commencé la photographie ?
En 1979, à l’âge de 16 ans quand j’ai acheté mon premier appareil, un Minolta XG1 avec mon salaire d’ouvrier dans une coopérative agricole.
Qu’est ce qui vous anime?
La vie, le mouvement, la nature, la lumière et les rencontres humaines !
Comment choisissez-vous vos thèmes photographiques?
Rien de rationnel, depuis trente ans mes centres d’intérêts évoluent et dans le même temps certains sont récurrents comme le mouvement au travers de la danse, la musicalité de l’image, le paysage humain. Je revisite régulièrement tous mes champs de création, l’enfance, le corps dans l’espace, le paysage incarné.
Pouvez- vous nous éclairer sur votre processus de création et leur réalisation ?
Mon processus de création est dicté par une entière disponibilité à l’espace qui m’entoure, familial, paysager, commandes. Mes différentes relations à la photographie, réalité/ abstraction, commandes/projets personnels, sont entremêlées. Je collectionne, alimente chacun de mes réservoirs.
Vous effectuez aussi des commandes, quelle est votre relation avec cette pratique ?
La commande est un acte qui occupe une partie importante de ma vie de photographe. J’ai toujours aimé faire ces aller-retours entre exercices libres et exercices imposés comme un gymnaste ou un patineur artistique. C’est une façon de se rassurer et surtout de pouvoir vivre de la photographie.
Quel est votre enjeu en tant que photographe quand vous faites un travail de commande pour une marque ?
Lors d’une commande, il y a tout d’abord une rencontre, un projet partagé. Le client désire un regard sur son entreprise avec une direction qui correspond à votre sensibilité. L’enjeu est de réaliser des images qui vont satisfaire le client, le surprendre et d’être au plus proche de votre écriture photographique.
La photographie de lumière choisie par l‘image par l’image, est extraite d’une série réalisée à sa demande pour le site internet de son client Arctus. C’ est un exemple d’une rencontre avec une marque désireuse d’une approche poétique et cohérente avec ses valeurs et son discours (énergie, dynamisme, bienveillance), sa signature (Eclaireur de l’e transformation) et ses couleurs (bleue et jaune).
Quelle vision avez-vous des marques aujourd’hui et de leur relation avec la photographie ?
La photographie est omniprésente, comme toile de fond, comme objet publicitaire ou marketing, les portraits de chefs d’entreprises, des collaborateurs, toute photographie doit être pensée, réfléchie. Les entreprises existent au travers de leurs « images ». Cette évolution a bousculé le marché de la photographie, le corporate a pris une place prépondérante si on la compare par exemple au marché de la presse.
Sur quoi travaillez – vous en ce moment ?
Après mon travail sur le Lac Supérieur, j’ai initié un nouveau travail où l’eau est de nouveau l’objet central; je réalise des photographies au travers des relations d’une ville à son fleuve tout en travaillant de nuit pour révéler une fusion intime. Je file à Rome début décembre et sur le Gange à Bénarès en janvier.
Formé à l’ Ecole Louis Lumière, Bertrand Desprez est membre de l’Agence VU.
Après ses premières images personnelles sur la scène jazz des années 80, il se fait reconnaître par son travail, en noir et blanc sur les adolescents en France, « Pour quelques étoiles », récompensé par le Prix HSBC en 1997.
Au Japon, il glisse vers la couleur avec la découverte d’une autre culture dans la série « Quatre saisons », puis propose une approche documentaire et conceptuelle du paysage avec la série « AO BA, la feuille bleue ». Il questionne aussi la place de l’homme dans nos sociétés contemporaines et urbaines. Bertrand Desprez travaille aussi pour la presse, en particulier pour l’Equipe, et répond à de nombreuses commandes corporate.
Ses images font partie de collections publiques et privées.