Carte blanche à Fred Delangle et Ambroise Tézenas

Haroun

« J’ai 24 ans et je viens du Tchad. Avec ce manteau, je me sens sur un pied d’égalité pour trouver du travail, ou étudier! Quand tu viens chez quelqu’un, je trouve que c’est normal de t’adapter à la manière dont il vit »
Haroun – extrait de Des sneakers comme Jay-Z

Un soir d’hiver, Zaman, un jeune afghan – arrivé en bermuda et en tongs après avoir marché seize mois depuis Kaboul –, s’est présenté au vestiaire de l’association Emmaüs Solidarité à Paris. Il a demandé à Valérie Larrondo, bénévole depuis 2016, sans trop y croire si par hasard, dans le tas de tennis usagées qui lui étaient présentées, il n’y aurait pas plutôt une paire de baskets « des baskets pas moches….Des sneakers comme celles de Jay Z ». L’idée du projet est partie de là.  Avec un vidéaste et quatre bénévoles, deux photographes de renom, Fred Delangle et Ambroise Tézenas, ont cherché à en savoir plus sur le rôle de leurs vêtements. « Ceux qu’ils portent et qui ont appartenu à d’autres. Ce qu’ils représentent pour eux. En quoi ils dénoncent, en quoi ils trahissent ou en quoi ils protègent – et pas juste du froid et de la pluie. »  Sensible à ce travail « Des sneakers comme JAy-Z » découvert lors d’une projection au CentQuatre à Paris et aux Rencontres d’Arles,  à l’engagement bénévole des deux photographes qui n’ont plus rien à prouver, l’image par  l’image vous propose pour les voeux rituels de bonne année, un travail sensible, respectueux du sujet traité en soutien à Emmaüs Solidarité.

Fred Delangle et Ambroise Tézenas ont répondu aux questions de l’image par l’image 

Voir la carte blanche

Prêts pour un novembre photographique à Paris ?


« Une photographie n’est pas nécessairement un mensonge, mais ce n’est pas la vérité non plus. Il faut être prêt à saluer l’inattendu. » disait la regrettée Martine Franck à qui la Fondation Henri Cartier Bresson va consacrer  sa première exposition dans ses nouveaux locaux du Marais.

Que dire de mieux pour aborder toutes les propositions photographiques  de novembre à Paris! Mais il va falloir choisir et puis aussi prévoir de bonnes chaussures pour arpenter les allées et les lieux d’exposition.

Quelques repères et les propositions de l’image par l’image en toute subjectivité: 

Les Foires et festivals
Paris Photo

Mickalene Thomas Calder Series#2

Nous choisissons de vous proposer parmi les 167 galeries présentes quelques artistes sur lesquels nous avons attiré votre attention sur ce site et que vous retrouverez dans les allées riches en multiples découvertes et valeurs sûres portées par les professionnels présents au Grand Palais, du 8 au 11 novembre:

 

 

 

 

Baptiste Rabichon, lauréat de la Résidence BMW,  Oan Kim et la compositrice Ruppert Pupkin dont le livre « Digital after Love, que restera t il de nos amours ? » édité par la Fondation Swiss Life sort en avant première chez Actes sud, et puis Maia Flore, et Adrien Boyer.

 

 

Fotofever

César Ordóñez, Ashimoto (courtesy Fifty Dots Gallery).

Start to collect ? La foire propose de vous initier à la collection de photographies,  de rencontrer 100 galeries et éditeurs de plus de 20 pays différents, dont le Japon à l’honneur de cette nouvelle édition.
Et puis la découverte de trois jeunes talents sélectionnés lors du Young Talents Fotofever Prize, au Carrousel du Louvre, du 8 au 11 novembre.

 

 


a ppr oc he

Emmanuelle Fructus

Le jeune salon Approche sélectionne des artistes qui font appel à la photographie sur des supports non traditionnels et interrogent la photosensibilité. Les deux jeunes directrices vous plongeront tour à tour dans la mémoire collective, l’histoire de l’abstraction ou encore l’observation du réel, une invitation à un vrai jeu photographique !
Par exemple, les tableaux d’Emmanuelle Fructus, fabriqués à partir de découpages et collages dans des photographes anonymes; tels des suites de chiffres et de dates, ils parlent aussi de notre Histoire, celle des disparus, des rescapés et des vivants. Sur réservation du 9 au 11 novembre, dans  l’hôtel particulier Molière du 1er arrondissement.

 

Photo Saint Germain

Claudine Doury

Pour la 7è édition, le Festival propose une programmation trop riche pour la résumer. Vous voyagerez dans l’espace et dans le temps.  Il sera difficile de résister à aller à la rencontre des personnes photographiées par Claudine Doury,   il y a vingt ans le long du fleuve Amour,  à l’Académie des Beaux Arts et à la Galerie particulière. Vous imaginerez  Prague en 1945 avec la Topographie des ruines de Joseph Zudek au Centre tchèque.

 

Elsa &Johanna

Avec Elsa  &Johanna (Johanna Benaïnous et Elsa Parra) à la Galerie Marie Hélène de la Forest DIvonne, vous glisserez  avec les deux artistes  dans la peau de personnages observés dans la rue ou simplement imaginés au gré de leurs explorations urbaines. « A Couple of Them » .

 

Et bien d’autres merveilles à découvrir, du 7 au 24 novembre, des rencontres, des conversations, des signatures au rendez-vous rive gauche 

 

Les institutions

Dave Heath, Sesco, Corée, 1953-1954 © Dave Heath / Collection Archive of Modern Conflict, courtesy Howard Greenberg Gallery, New York, et Stephen Bulger Gallery, Toronto

 

Au BAL, la belle découverte de Dave Heath qui occupe une place singulière dans l’histoire de la photographie américaine.  « Influencé par Eugène W.Smith et par les maîtres de l’école de Chicago dont Aaron Siskind et Harry Callahan. Il ne peut être pourtant considéré comme un photographe documentaire ni comme un photographe expérimental. Sa photographie est avant tout une manière d’attester de sa présence au monde en reconnaissant en l’autre un alter ego absorbé dans ses tourments intérieurs » selon  Diane Dufour,  qui propose une nouvelle fois une exposition remarquable, Dialogues with Solitude,  impasse de la Défense Paris 18è.

 

Fondation Henri Cartier Bresson


Découvrir le nouveau lieu de la Fondation et contempler les images de Martine Franck devrait être un grand moment, 79 rue des Archives Paris 4è.

 

 

Jeu de Paume

The Dorothea Lange Collection, Oakland Museum of California. collection.

 

Dorothéa Lange, par son travail au profit d’institutions fédérales américaines,  a inlassablement  dénoncé les injustices sociales . Ses images au plus près des personnages photographiés constituent un documentaire social et artistique de la Grande Dépression, de l’immigration des années 40 qui font étrangement écho avec l’actualité. Les séries consacrées à l’internement des citoyens américains d’origine japonaise , archives militaires n’ont été publiés que depuis qu’en 2006. Elle a été la première photographe à bénéficier d’une exposition personnelle au Museum of Modern Art de New York en 1966. A voir sans faute place de la Concorde.

 

 

Pentti Sammallahti

 

Et puis il y a toutes les galeries qui proposent des programmes alléchants et que nous n’avons pas encore visitées…. A recommander déjà pour garder votre bonne humeur, le très poétique Pentti Sammallahti, galerie Camera Obscura, boulevard Raspail, Paris 14.

 

 

L’image par l’image vous souhaite de belles visites et découvertes !

 

Prêts pour un novembre photographique à Paris?


« Une photographie n’est pas nécessairement un mensonge, mais ce n’est pas la vérité non plus. Il faut être prêt à saluer l’inattendu. » disait la regrettée Martine Franck à qui la Fondation Henri Cartier Bresson va consacrer  sa première exposition dans ses nouveaux locaux du Marais.

Que dire de mieux pour aborder toutes les propositions photographiques  de novembre à Paris! Mais il va falloir choisir et puis aussi prévoir de bonnes chaussures pour arpenter les allées et les lieux d’exposition.

Quelques repères et les propositions de l’image par l’image en toute subjectivité: 

Les Foires et festivals
Paris Photo

Mickalene Thomas Calder Series#2

Nous choisissons de vous proposer parmi les 167 galeries présentes quelques artistes sur lesquels nous avons attiré votre attention sur ce site et que vous retrouverez dans les allées riches en multiples découvertes et valeurs sûres portées par les professionnels présents au Grand Palais, du 8 au 11 novembre:

 

 

 

 

Baptiste Rabichon, lauréat de la Résidence BMW,  Oan Kim et la compositrice Ruppert Pupkin dont le livre « Digital after Love, que restera t il de nos amours ? » édité par la Fondation Swiss Life sort en avant première chez Actes sud, et puis Maia Flore, et Adrien Boyer.

 

 

Fotofever

César Ordóñez, Ashimoto (courtesy Fifty Dots Gallery).

Start to collect ? La foire propose de vous initier à la collection de photographies,  de rencontrer 100 galeries et éditeurs de plus de 20 pays différents, dont le Japon à l’honneur de cette nouvelle édition.
Et puis la découverte de trois jeunes talents sélectionnés lors du Young Talents Fotofever Prize, au Carrousel du Louvre, du 8 au 11 novembre.

 

 


a ppr oc he

Emmanuelle Fructus

Le jeune salon Approche sélectionne des artistes qui font appel à la photographie sur des supports non traditionnels et interrogent la photosensibilité. Les deux jeunes directrices vous plongeront tour à tour dans la mémoire collective, l’histoire de l’abstraction ou encore l’observation du réel, une invitation à un vrai jeu photographique !
Par exemple, les tableaux d’Emmanuelle Fructus, fabriqués à partir de découpages et collages dans des photographes anonymes; tels des suites de chiffres et de dates, ils parlent aussi de notre Histoire, celle des disparus, des rescapés et des vivants. Sur réservation du 9 au 11 novembre, dans  l’hôtel particulier Molière du 1er arrondissement.

 

Photo Saint Germain

Claudine Doury

Pour la 7è édition, le Festival propose une programmation trop riche pour la résumer. Vous voyagerez dans l’espace et dans le temps.  Il sera difficile de résister à aller à la rencontre des personnes photographiées par Claudine Doury,   il y a vingt ans le long du fleuve Amour,  à l’Académie des Beaux Arts et à la Galerie particulière. Vous imaginerez  Prague en 1945 avec la Topographie des ruines de Joseph Zudek au Centre tchèque.

 

Elsa &Johanna

Avec Elsa  &Johanna (Johanna Benaïnous et Elsa Parra) à la Galerie Marie Hélène de la Forest DIvonne, vous glisserez  avec les deux artistes  dans la peau de personnages observés dans la rue ou simplement imaginés au gré de leurs explorations urbaines. « A Couple of Them » .

 

Et bien d’autres merveilles à découvrir, du 7 au 24 novembre, des rencontres, des conversations, des signatures au rendez-vous rive gauche 

 

Les institutions

Dave Heath, Sesco, Corée, 1953-1954 © Dave Heath / Collection Archive of Modern Conflict, courtesy Howard Greenberg Gallery, New York, et Stephen Bulger Gallery, Toronto

 

Au BAL, la belle découverte de Dave Heath qui occupe une place singulière dans l’histoire de la photographie américaine.  « Influencé par Eugène W.Smith et par les maîtres de l’école de Chicago dont Aaron Siskind et Harry Callahan. Il ne peut être pourtant considéré comme un photographe documentaire ni comme un photographe expérimental. Sa photographie est avant tout une manière d’attester de sa présence au monde en reconnaissant en l’autre un alter ego absorbé dans ses tourments intérieurs » selon  Diane Dufour,  qui propose une nouvelle fois une exposition remarquable, Dialogues with Solitude,  impasse de la Défense Paris 18è.

 

Fondation Henri Cartier Bresson


Découvrir le nouveau lieu de la Fondation et contempler les images de Martine Franck devrait être un grand moment, 79 rue des Archives Paris 4è.

 

 

Jeu de Paume

The Dorothea Lange Collection, Oakland Museum of California. collection.

 

Dorothéa Lange, par son travail au profit d’institutions fédérales américaines,  a inlassablement  dénoncé les injustices sociales . Ses images au plus près des personnages photographiés constituent un documentaire social et artistique de la Grande Dépression, de l’immigration des années 40 qui font étrangement écho avec l’actualité. Les séries consacrées à l’internement des citoyens américains d’origine japonaise , archives militaires n’ont été publiés que depuis qu’en 2006. Elle a été la première photographe à bénéficier d’une exposition personnelle au Museum of Modern Art de New York en 1966. A voir sans faute place de la Concorde.

 

 

Pentti Sammallahti

 

Et puis il y a toutes les galeries qui proposent des programmes alléchants et que nous n’avons pas encore visitées…. A recommander déjà pour garder votre bonne humeur, le très poétique Pentti Sammallahti, galerie Camera Obscura, boulevard Raspail, Paris 14.

 

 

L’image par l’image vous souhaite de belles visites et découvertes !

 

« En ville » en Arles, avec Baptiste Rabichon et la Résidence BMW


BMW Art & Culture présente « En ville » de Baptiste Rabichon, septième lauréat de la Résidence BMW.

Le projet mené à bien par Baptiste Rabichon durant la Résidence BMW s’est déroulée pour la première fois à GOBELINS, l’école de l’image; publié dans un livre coédité́ avec les Éditions Trocadéro dans la collection BMW Art & Culture,  en vente aux Rencontres d’Arles, ce travail sera présenté dans une exposition personnelle pendant les Rencontres de la Photographie, Arles 2018 dont BMW est mécène pour la neuvième année consécutive.

Lauréat 2017 de la Résidence BMW  à GOBELINS, l’école de l’image à Paris, Baptiste Rabichon travaille sur l’expérimentation.
Au cours de déambulations parisiennes, il a photographié huit balcons, seul élément intérieur des appartements que les parisiens donnent à voir à l’extérieur. Ils deviennent les pièces centrales de son travail mais sont totalement transformés par le photographe qui intervient dans l’image à travers différents procédés, anciens et contemporains. Construits comme des tableaux, il tente, pour chacun d’entre eux de rendre l’harmonie qu’il a perçue lors de ses promenades dans Paris. Cette harmonie résidant sans doute dans cet enchevêtrement entre extérieur et intérieur, entre ce qui se donne à voir depuis la rue et ce qui se devine ou s’imagine et auquel il répond en imbriquant une multitude de techniques les unes aux autres.

Avec la série Albums, deuxième partie du travail réalisé en résidence, il construit une sorte de répertoire irréel de la ville. Les images de cette série s’apparentent plus aux songes qu’aux images obtenues en déclenchant l’obturateur de l’appareil. À l’inverse, le hasard peut aussi rendre l’expérience du monde et décrire l’étrangeté des choses… Baptiste Rabichon tente de faire coexister dans l’obscurité du laboratoire ces deux expériences contradictoires, l’une remplie de durées et d’instants, de souvenirs et de projections, l’autre immédiate et primitive.

 

Le livre publié aux éditions Trocadéro est le septième ouvrage de la collection BMW Art & Culture consacrée aux lauréats de la Résidence BMW. Préfacé par Vincent Salimon, Président du directoire de BMW Group France, il débute par une conversation entre Baptiste Rabichon et François Cheval, directeur artistique de la Résidence.

 

 

Durant l’exposition, le public pourra découvrir une vidéo réalisée pendant la Résidence par Fabrice Laroche, enseignant à GOBELINS, Amandine Rebuffet, Camille Dumarché, Ces deux étudiantes en troisième année du cursus photographie  à GOBELINS ont assisté l’artiste durant tout le processus de création et de production de son travail, s’inscrivant ainsi dans le dispositif de transmission décidé conjointement pas BMW et GOBELINS.

Exposition au Cloitre Saint Trophime  du 2 juillet au 23 septembre 2018, sous la direction artistique de François Cheval.

Contact
Maryse.bataillard@bmw.fr
mprangey@gmail.com

www.bmw.fr/artetculture
https://www.gobelins.fr/residenceBMW2017-en-ville

 

l’image par l’image conseille BMW 

Carte Blanche à Nicolas Krief

Nicolas Krief aime l’envers du décor.
Sur Instagram, il est « basckstage « dans les expositions parisiennes et c’est très réjouissant. Amusant, anecdotique mais aussi profond sur la relation de ces hommes et femmes qui accrochent les oeuvres avec tant d’attention et de  précision. A leur tour ils animent des scènes et font vivre la peinture et la sculpture. La production artistique est devenue objet de culte, les expositions des grand messes. Les accrochages sont des moments tenus secrets du public. Commissaires d’exposition, conservateurs, installateurs, socleurs, convoyeurs, restaurateurs, métiers de la monographie, scénographes, menuisiers, vitriers, gardiens de salle, régies des musées sont les acteurs de ces scènes liturgiques auxquelles nous fait assister Nicolas Krief dans les photographies de la série qu’il a initiée en 2010, dans une vingtaine d’ expositions parisienne.
« La photographie est une écriture » cite Nicolas Krief, « c’est assurément un langage ». L’image par l’image vous invite à le découvrir dans cette Carte blanche.

Nicolas Krief a répondu aux questions de l’image par l’image 

Quand et comment avez-vous commencé la photographie ?
Tôt !  A 13-14 ans je chinais les numéros du Magazine Photo aux marchés aux puces parisiens. Ce sont ces 200 premiers numéros de Photo (que j’ai toujours) qui ont forgé ma première culture photographique.
A 15 ans j’empruntais à mon père son Asahi pentax et son agrandisseur Krokus, et je prenais mes premières images, et ratais mes premiers tirages.
A 17 ans je m’offrais un reflex Pratika avec ma première paie d’été, que je troquais après quelques mois pour un Nikon FM, que j’ai toujours.
Et puis après des études d’Histoire, j’ai suivi une première voie professionnelle, heureuse, dans les nouveaux médias, et la photo restait une pratique personnelle. Mais en 2005, j’ai fait le choix de me consacrer exclusivement à la photographie. Je suis autodidacte.

Qu’est ce qui vous anime ?
A 20 ans, je découvrais avec les Mythologies de Barthes la possibilité d’une autre intelligence des signes de notre temps. La photographie telle que je cherche à la pratiquer prend du sens dans la mesure où elle contribue à cette meilleure intelligence du réel… en m’offrant simultanément un biais par lequel appréhender ce réel.
Le photographe américain Garry Winogrand a dit tout ça en un raccourci réjouissant qui m’accompagne souvent lorsque je photographie : « Le fait de photographier une chose change cette chose. Je photographie pour découvrir à quoi ressemble cette chose quand elle est photographiée. »
Formellement, j’aime la réécriture romanesque que permet la photographie des moments et situations et des expressions les plus triviales.

Comment en êtes-vous arrivé à réaliser ce travail sur le montage des grandes expositions ?
En 2010, le journal Le Monde me commande le portrait d’un des commissaires de la rétrospective Monet organisée au Grand Palais : la RMN me propose alors une carte blanche pour en suivre l’accrochage. Cette première carte blanche a conduit à d’autres, avec la RMN, puis, lors d’une longue et riche collaboration, avec le musée d’Orsay.

 Racontez-nous vos « Accrochages »
L‘extrême prévenance pour les œuvres, la technicité et la précision des gestes, donnaient une évidente théâtralité aux scènes auxquelles j’assistais.Plus encore, cette théâtralité, parce qu’elle était très codifiée, prenait les traits d’une véritable liturgie : des objets précieux et admirables, manipulés selon des règles et des procédés strictes pratiqués selon une ferme répartition des rôles par des spécialistes : j’ai eu très vite le sentiment qu’une véritable religiosité animait ces moments. La question de notre rapport à l’objet de musée m’apparaissait rapidement central, et mon regard s’est rapidement orienté ; Je voyais clairement s’opérer un phénomène de transsubstantiation : le musée intronisait l’objet exposé, comme objet culte, comme œuvre d’art ou de pop’art. Ainsi il m’est vite apparu que se jouait dans ces installations notre rapport à l’Art, au Sacré, un sacré toujours aussi prégnant dans notre monde sécularisé.

Pouvez-vous nous éclairer sur la façon dont vous travaillez sur ces chantiers d’installation ?
J’ai joui et je jouis encore d’une très grande liberté. Les motivations des musées concernés sont de disposer d’un travail d’artiste, d’un travail testimonial à verser aux archives de l’institution.
Ces accrochages constituant la partie finale de la production d’une exposition, ils se déroulent sur deux, trois semaines. Ces images sont donc le résultat de moments d’immersion : immersion dans un même lieu, immersion parmi un groupe constitué pour l’occasion.
Mes images, comme toute ma production documentaire, sont des instantanés. Pas de pose ni de mise en scène, pas d’éclairage d’appoint.

Vous répondez aussi à des commandes, quelle est votre relation avec cette pratique ?
Je vis la commande comme parfaitement complémentaire de mon travail personnel, et travaille avec la même tension. Elle impose un cadre de contraintes propre à chaque projet, qui aiguillonne le regard sans m’empêcher de laisser s’exprimer « ma» photographie.
Concrètement, pour parler d’ « Accrochages », je poursuis mon travail dans les musées dans le cadre de commandes de journaux et magazines, et de commandes corporate (événements culturels ou dans le domaine du luxe, visites privées,…) et d’institutions muséales (rencontres du public avec des œuvres, photos d’architecture, de scénographie,…)
Depuis le poste d’observateur qui est le mien, j’ai le sentiment que les décideurs sont encore nombreux dans les Institutions publiques et privées à considérer (à juste titre selon moi…) la photographie comme un vecteur de communication inégalé.

Qu’allez-vous faire de cette somme d’images ?
Je ne me lasse pas du sujet, et je crois aux vertus de la persévérance en matière de photographie documentaire : revenir à l’ouvrage encore et encore. Je la poursuis donc avec l’envie d’en faire un livre… et une exposition.

Quels sont vos autres projets ? / Sur quoi travaillez-vous en ce moment ?
Outre mon travail de commandes et mes immersions dans les coulisses des musées, je poursuis une monographie sociale et culturelle du monde rural en Sarthe : « Jours de fête » Je m’intéresse aux moments de sociabilité en milieu rural, à la culture qui s’y déploie – indépendante de la culture dominante sans pour autant s’ériger en contreculture – et aux enjeux sociaux locaux qui se jouent avec et durant ces moments.

 

Nicolas Krief vit à Paris, Il est  diplômé d’un troisième cycle d’histoire contemporaine.
Il collabore avec la presse nationale, pour laquelle il couvre des sujets sociaux, culturels, et économiques. : Le Monde, Paris Match, Ideat, Figaro Magazine, Télérama, … Comme photojournaliste, il est membre de Divergence Images.
Son travail a été montré dans plusieurs expositions:
« Le Voyage d’Olympia » (l’Olympia de Manet) – Exposition collective sur le thème du Voyage à l’abbaye de l’Epau, au Mans en 2016.
« Le Voyage immobile »  – Exposition collective sur le thème du Voyage à l’abbaye de l’Epau, au Mans en 2015.
« Accrochages » KAUNAS PHOTO festival, à Kaunas, Lituanie  en 2014.

http://www.nicolaskrief.com
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