Le Grand Palais présente une rétrospective éblouissante de l’immense portraitiste, Seydou Keïta, jusqu’au 11 juillet. Cet artiste immense représente la société malienne des années 1940 à 60, et marque la fin de l’époque coloniale et de ses codes de représentation. Sa photographie ouvre « l’ère d’une photographie africaine qui, tout en puisant dans ses racines et dans son histoire, affirme sa modernité » indique Yves Aupetitallot co -commissaire de l’exposition avec Elisabeth Whitelaw.
Commerçants, fonctionnaires, hommes politiques, le Tout Bamako est allé se faire photographier chez ce magicien du portrait. Ils ont choisi les costumes et les accessoires, les chapeaux, les bijoux, qui correspondaient le mieux à l’image qu’ils souhaitaient donner d’eux-mêmes.
Metteur en scène hors pair, le photographe magnifie ses sujets, en leur faisant prendre des poses avantageuses, dans son studio, debout, assis ou allongés, une attention particulière portée au regard et à l’emplacement des mains ; les tissus des boubous et des fonds à motif décoratif s’y fondent harmonieusement.
Les femmes sont élégantes et sensuelles, les hommes sont fiers et les enfants charmants. Leurs poses sont souvent de trois quart et rompent ainsi avec l’époque précédente où l’usage était de faire poser les sujets face à l’objectif.
Près de 300 tirages sont accrochés de manière chronologique. 20 tirages argentiques modernes sont tirés en grand format, dans les premières salles, donnant à ces images le statut d’œuvre d’art. Les 120 tirages vintage ont été tirés à l’époque du studio, par Seydou Keïta ; certains ont été retrouvés chez le fils de son ami encadreur, dans un carton ; les gens photographiés n’étaient jamais venus chercher.
Assister aux mises en scène et aux prises de vue grâce aux films qui accompagnent l’exposition est jubilatoire et très instructif. Le regard bienveillant de l’artiste et l’attention des sujets à leur pose et à leurs costumes en disent long sur la société malienne de l’époque. C’est une plongée instructive dans cette période de l’histoire, une aide à la compréhension de l’époque et du pays et une exposition à ne surtout pas rater.
Né vers 1921 à Bamako à cette époque capitale du Soudan français, Seydou Keita gagnera sa vie comme photographe de studio jusqu’en 1962. A la demande des autorités, il devient photographe officiel du gouvernement de la République soudanaise, après l’indépendance du pays proclamée en 1962
Un catalogue accompagne l’exposition, textes de Souleymane Cissé, Jérôme Neutres, Yves Aupetitallot, André Magnin, Robert Storr et Dan Leers, éd. RMN, 224 p., 250 ill., 35 euros.
SEYDOU KEÏTA, jusqu’au 11 juillet 2016, Grand Palais, 3 avenue du Général Eisenhower, 75008 Paris,
www.grandpalais.fr/fr/evenement/seydou-keita
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